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21/01/2009

Allocution de clôture de Monsieur Luc CHATEL, Etats Généraux de l’Automobile

Je crois qu’on ne conclut pas des Etats généraux. Au contraire, on ouvre des perspectives. Ce soir, je voudrais vous dire qu’il peut y avoir un avant et un après Etats généraux de l’automobile. Cela dépend de nous. Ce qui est sorti de cette journée, c’est d’abord un véritable espoir de toute une filière. Nous avons senti, au travers des échanges, une véritable volonté de s’en sortir, un refus de la fatalité, de la résignation. En clair, il est possible d’y arriver. Yes, we can.

J’ai également senti, à travers les différentes interventions, beaucoup de lucidité sur la situation, mais aussi beaucoup de gravité. La situation est grave. Elle est grave parce que la crise va être longue et dure. Elle va être douloureuse. La crise peut être mortelle. Elle l’est déjà pour un certain nombre d’entreprises, donc pour les salariés. Si nous faisons tout cela, c’est d’abord pour l’emploi. Comme l’a dit le Premier Ministre ce matin, les usines sans ouvriers ne nous intéressent pas. Si nous faisons cela, c’est parce que la filière automobile, c’est des savoir-faire et des compétences qui se transmettent de génération en génération. Ce sont des hommes et des femmes. Ce savoir-faire n’a pas d’équivalent ailleurs.

J’ai senti une véritable ambition commune lors de cette journée. Il va maintenant nous falloir la formaliser. J’ai également entendu la volonté d’efforts communs, de mutualisation, de fédération d’énergie. Je crois que le message est passé. Le fameux pacte automobile que j’ai évoqué ce matin me semble adapté à la situation, à l’ambition commune qui est la nôtre. Le Premier Ministre l’a rappelé ce matin : c’est la responsabilité du gouvernement et des pouvoirs publics que de réagir face à l’urgence. Il a eu l’occasion de l’annoncer. En même temps, il a dit qu’il devait y avoir un pacte, du donnant/donnant : pas d’engagement sans contrepartie des uns et des autres. En clair, la France n’abandonnera pas l’industrie automobile, mais il ne faut pas que l’industrie automobile abandonne la France. Dans ce cadre, avec mes collègues du gouvernement, nous allons construire et soumettre au Président de la République un plan massif à leviers multiples. C’est un des enseignements de cette journée. Pour avoir un impact et réussir, il nous faut agir en même temps sur plusieurs leviers.

Le premier levier est celui de la refondation des rapports tout au long de la filière. Nous avons vu, tout au long de la journée, que l’automobile en France, ce n’était pas uniquement deux constructeurs. Nous avons la chance formidable d’avoir deux constructeurs parmi les huit premiers mondiaux, et sans eux il n’y aurait pas toute la filière, mais à l’inverse, la filière automobile ne se résume pas aux deux constructeurs. Ce sont les dizaines de milliers d’entreprises de la forge, de la fonderie, de la sous-traitance et du décolletage qui irriguent nos territoires. Dès demain, nous allons commencer à travailler à l’élaboration d’un code de bonnes pratiques et de performance. Il faut que les pratiques changent. Il faut que l’on prenne en compte l’ensemble de la filière.

Le deuxième levier que nous allons activer est celui de l’emploi et des compétences. A plusieurs reprises, il a été fait référence à la charte automobile mise en place l’été dernier. Nous devons la doper. Il faut qu’elle aille plus loin. La charte est déjà déclinée dans sept régions et il faut qu’elle soit généralisée. Il faut également qu’elle soit plus efficace et plus performante. Nous faisons ça pour les salariés. Dans l’automobile, 50 % des salariés partiront à la retraite dans les dix prochaines années. Nous devons garder les compétences.

La crise est grave. Elle n’est pas que devant nous. Nous sommes déjà dans la crise. Le 26 janvier prochain, je réunirai les différentes organisations syndicales, conformément au souhait du Président de la République. Nous ferons le point sur les difficultés qui sont spécifiquement rencontrées dans le secteur automobile. Nous aborderons les sujets de restructuration industrielle dans la filière.

Le gouvernement accompagnera les constructeurs face à la crise financière et l’accès aux liquidités à hauteur de 6 milliards d’euros. Nous devrons prendre un certain nombre d’initiatives complémentaires. En particulier au niveau européen, les négociations vont continuer dans les prochains jours pour obtenir des enveloppes financières plus importantes de la part de la banque européenne d’investissement pour le secteur automobile.


L’une des tables rondes les plus suivies par le public a été celle consacrée à l’innovation. Jean-Louis Borloo y est revenu. Nous avons besoin d’une meilleure coordination des efforts en matière de recherche et développement.Il faut que nous soyons les meilleurs compte tenu du savoir faire de nos industries en la matière.

Enfin, il nous faudra en même temps activer le levier de la demande. Il peut s’agir de la demande des consommateurs. C’est le travail que nous avons confié à Jean-Paul Bailly, compte tenu de son expérience en la matière. Je lui ai demandé de réfléchir à grouper et ordonner les commandes d’une vingtaine ou d’une trentaine d’entreprises publiques ou privées, afin d’arriver à une masse critique permettant de faire naître une offre de véhicules électriques.

Ces Etats généraux, ça n’est pas la fermeture d’un énième colloque sur l’automobile. Dès demain matin, nous nous mettrons au travail. Je vais continuer à réunir le comité stratégique. Il ne s’agit pas de se congratuler. Dès demain, nous serons au travail pour avancer et concrétiser les propositions qui ont été les vôtres tout au long de cette journée. Ces propositions sont très audacieuses. Si nous parvenons à activer tous les leviers en même temps, elles permettront la pérennisation de l’industrie automobile.

Je reprendrai contact individuellement avec chacun des partenaires. Notre site Internet continue à fonctionner. Les contributions continueront à être analysées et intégrées. Il faut pérenniser la démarche Etats généraux dans l’attente du plan stratégique pour l’industrie automobile qui sera annoncé par le Président de la République. J’aurai l’occasion de lui présenter vos préconisations avant la fin du mois de janvier. Le gouvernement n’arrive pas avec un plan clé en main sorti d’un placard ou de têtes bien pensantes. Nous arriverons avec des propositions fortes et massives issues des concertations avec l’ensemble de la filière.

Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je souhaitais vous dire pour clôturer cette journée des Etats généraux de l’automobile. Je souhaiterais vous remercier car vous avez joué le jeu. Vous avez dit des choses parfois dérangeantes pour vos interlocuteurs. Vous auriez même pu aller plus loin. Je vous fais confiance pour la suite des évènements. Une dynamique est née. Nous avons appris à nous parler et à travailler ensemble. Ce sera très utile pour sortir renforcés de la crise que nous traversons aujourd'hui. Merci à vous et en marche pour un nouvel avenir pour l’automobile en France.

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